Les fresques

Une histoire invraisemblable

"L’église de Saint Loup de Naud, fut entièrement peinte à fresque, comme celle de Saint-Savins" Lucie Roblot-Delondre
Quand après le classement de l’église en 1843, l’exécution des réparations urgentes commencèrent, elles mirent au moins autant de temps qu’on en met à présent, c'est-à-dire que c’est seulement à partir de 1872 qu’on aborde la reprise des absides. C’est alors qu’il va se passer une histoire incroyable qui n’est à mettre à l’actif ni du Ministère des Beaux-Arts, ni des Monuments Historiques…L’architecte d’alors fait une découverte sensationnelle : sous le badigeon blanc de la voûte du chœur, de l’abside et des absidioles, il dégage des fresques "dans un état de fraîcheur délicieux" ! Il fait un rapport à son Ministère de tutelle, et par bonheur, en fait faire le relevé exact par un certain Lameire et poursuit ses travaux. Au Ministère, on entend ce qu’on entend encore de nos jours, "pas d’argent, pas de fresques …".Elles sont donc sacrifiées.
 Leur importance, la rareté extrême des fresques qui nous sont restées de l’époque du Moyen-Age, leur valeur intrinsèque au point de vue artistique, en faisaient une merveille qu’il fallait conserver à tout prix. On trouva plus commode de les sacrifier pour démolir et reconstruire le mur entièrement. Vous vous rendrez compte de la perte causée par cet acte de vandalisme à notre patrimoine artistique, en examinant à la Bibliothèque du Trocadéro, le relevé à l’aquarelle exécuté par M. Lameire, avant la destruction: Un très beau Christ en robe blanche et manteau rouge entouré des Apôtres – les Joies Paradisiaques- Les Fleuves du Paradis – l’Entrée des Bienheureux au séjour de Vie. "Ces peintures, écrit Madame Roblot-Delondre, dénotent un art savant, une singulière entente avec les formes de l’architecture. Les grandes lignes étaient soulignées par des rinceaux de motifs variés très simples et des grecques peintes en ocre ou blanc sur des fonds bleus très doux. Les têtes se distinguaient par une noblesse singulière et l’ensemble présentait un caractère de grandeur et de majesté digne de l’antique" "Les fresques de Saint-Loup, dit M. Mâle, dans son Histoire de l’Art, ne relèvent d’aucune école de peinture connue" " C’est plutôt dans les manuscrits germaniques ou lotharingiques que leurs auteurs anonymes ont puisé leur inspiration, ajoute Madame Roblot-Delondre"
“Les peintures actuelles* n’ont ni reproduit le dessin, ni la couleur. D’importantes modifications et additions ont été apportées. Les bienheureuses qui alternaient avec les apôtres sur la voûte du chœur, ont même été affublées de barbe. !
"La Direction des Beaux-Arts devrait de toute urgence, faire gratter ce travail d’amateur et commander à un peintre de talent éprouvé et consciencieux, la reproduction exacte des anciennes fresques, d’après les aquarelles du Trocadéro. Ce serait une joie pour les yeux et un enseignement d’une importance capitale pour les personnes de plus en plus nombreuses qui s’intéressent aux différentes expressions de notre art régional et national à travers les siècles"

Comme nous sommes d’accord avec cet article de Charles Droulers, Administrateur en 1934 de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Provins !! Malheureusement, on n’arrive même pas à remettre en état les parements de l’intérieur de l’église de Saint Loup de Naud, alors …les fresques …..

*Ces peintures fausses dans leurs représentations, dans leur dessin et dans leurs couleurs ne sont autres que des calques relevés grossièrement et pris à divers endroits de l’église, par l’abbé Lemoine, curé de Saint-Loup, qui malgré sa bonne volonté n’a pas eu un talent à la hauteur de l’œuvre.