La fontaine

La Fontaine-au-Saint,  retable du XIVe 
classé le 24/06/75

Au moment de la Révolution, les reliques de Saint Loup, qui avaient fait la fortune du monastère, furent balayées au vent…de la République. Il resta quelques ossements, soi-disant, que les curés de la paroisse avaient l’habitude de montrer aux fidèles, ainsi que quelques reliques de Saint-Nicolas, le jour du 1er septembre, lors de la procession à la Fontaine-au-Saint. Cette fontaine, dite aussi « Fontaine Miraculeuse », se trouvait près d’une source, dans un fond ombragé et mystérieux, à l’extrême ouest du village. Au-dessus du mur de la fontaine était scellé un retable d’autel en pierre, datant du XIVe siècle, représentant une Crucifixion, avec de chaque côté, la Vierge et Saint Jean, l’évêque Saint Loup sans doute, guérissant des possédés et venant reprendre son évêché, après que le roi Clotaire l’eut exilé. D’anciennes lithographies montrent qu’à côté de la source, il y avait un bassin où les laveuses venaient battre le linge. « Devant la fontaine s’étend un bassin bordé de lauriers et de mahonias, égrenant leurs chapelets de graines bleues. L’eau retombe en cascade dans le rû et s’enfuit en gazouillant dans les sous-bois ».(Ch. Droulers 1934). L’eau de cette fontaine avait donc la vertu de guérir les enfants atteints de fièvres, on dit aussi qu’elle guérissait des « écrouelles », vieux mot pour les adénites tuberculeuses. Il est certain que si l’on donne de l’eau à boire à des enfants fiévreux, cela ne peut leur faire que du bien…Quant à la tuberculose, c’est plus difficile. Mais laissons la foi et le mystère autour de ces lieux….

Quand la Ville de Paris au début du siècle vint capter la plupart des sources de notre village, elle devint propriétaire des lieux de captage et la Fontaine Miraculeuse se trouva enclavée…

Les Mairies peu croyantes de l’époque et peu soucieuses de leur patrimoine, ne protégèrent pas cet endroit de foi populaire et ancestrale, en y demandant une servitude, afin que l’on puisse continuer à venir l’admirer et se souvenir. Les événements de septembre aux USA ayant renforcé partout les règles de sécurité aux abords des points vitaux, comme les eaux, la Ville de Paris devint inflexible sur les possibilités de visite du site. De plus,  le beau retable classé commençait à souffrir des intempéries. On essaya après une réunion avec la Direction des Archives et du Patrimoine, la SAGEP et la Mairie, de faire aménager le site pour la visite et de faire copier le retable initial qui serait mis à l’abri à l’église. Mais ce projet ne convenait pas à la Ville de Paris. Elle décida d’en faire don à la commune pour un prêt illimité, et afin que le retable ne s’abîmât pas plus, de le mettre en place dans l’église. La commune accepta.

À l’heure actuelle, le retable a été restauré en 2006, restauration qui a été  prise en charge pour 50% par l’État, 30% par le Département, et 20% pour l’association des “Après-Midi de Saint-Loup”.

Voilà donc l’histoire de ce lieu  qui fut hanté par quelques siècles de traditions,  qui va s’incliner devant les impératifs modernes du XXIe siècle : sécurité, finances, indifférence, 

Et tomber dans l’oubli….

 

“Que j’aime, ô Glatignys ! l’ombre de vos bosquets.
Là, bien souvent, je rêve en cueillant des bouquets,
Et voyant sur les flots passer des fleurs flétries…

(les Glatignys, poèsie de Gabriel Pionnier) 

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